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1990. Le Mur de Berlin est tombé, l’Union soviétique éclate, la victoire du modèle capitaliste est totale. Economie de marché et démocratie politique ont définitivement triomphé. Pourtant, n’en déplaise à certains, l’histoire est loin d’être finie…

En s’écroulant brusquement, le communisme n’a pas éliminé les problèmes qu’il a entretenus des décennies durant : une économie sinistrée, un environnement saccagé, une corruption généralisée, des réseaux mafieux échappant à tout contrôle, des frustrations nationalistes étouffées. Tous ces problèmes explosent, dégénérant parfois en conflits sanglants. Le vocabulaire de la barbarie s’enrichit d’un mot nouveau : épuration ethnique.

De son côté, le monde occidental entame une vaste interrogation sur la démocratie et le rôle du politique. Les Etats sont confrontés à un double défi. Des sociétés de plus en plus éclatées, où il faut réinventer les règles de vie collective pour permettre la cohabitation sans heurts des générations, des modes de vie, des cultures. Une économie de marché élargie aux dimensions de la planète, qui déplace les capitaux, fusionne et délocalise les entreprises par-dessus les frontières, et prône une gestion optimales des « ressources humaines » : les employés hyper-qualifiés retenus à coups de « stock options », les autres condamnés aux emplois précaires et au travail en miettes.

La Suisse des années 90, reliée plus que jamais aux soubresauts du monde, n’échappe pas aux incertitudes de cette fin de siècle. Elle affronte une grave crise économique, elle reçoit les réfugiés chassés par l’écroulement du communisme, elle est acculée à réviser ses mythes identitaires par le scandale des fonds juifs, elle doit gérer la cohabitation des cultures, la crise du couple et de la famille. Dans une polarisation sans précédent du débat politique, ces défis semblent bien difficiles à relever…