Les Livres

La fête Nobel de 1921 s'ouvrit sur d'affligeantes réflexions. Vingt-cinq années s'étaient écoulées depuis le jour de 1896 où le célèbre inventeur s'était éteint, à San-Remo, dédiant son testament à l'humanité. Cet anniversaire qui marquait un quart de siècle se prêtait aux méditations rétrospectives, et le président de la Fondation Nobel ne manqua pas d'en imprégner son discours d'ouverture. Vu que celui qui assumait cette fonction était Henrik Schück, érudit nestor de l'histoire littéraire de la Suède et professeur à l'Université d'Uppsala, le devoir d'éloquence fut accompli non seulement avec la compétence solennelle qu'exigeait l'occasion, mais dans un style dont le majestueux déferlement d'images était digne d'un prophète de l'Ancien Testament. Comment la Fondation avait-elle réalisé le programme du testateur?
"Hélas! La réponse que l'on serait tenté de faire tout d'abord à cette question ne saurait être que décourageante. Le but qu'il visait semble plus éloigné maintenant qu'il y a vingt-cinq ans. Pour l'établissement du règne de la paix sur la terre, nos efforts ont pesé moins lourd qu'une plume, et il faudrait remonter bien loin dans la nuit des temps pour rencontrer des conditions de vie aussi désolantes que celles où nous nous débattons à l'heure actuelle. L'optimiste lui-même est bien obligé de reconnaître que la civilisation de notre siècle a reposé sur un volcan qui rentrera…