Les Livres

De tous temps, les grands-pères ont raconté à leurs petits-enfants ce que fut leur jeunesse. Il se trouve que, pour les grands-pères de notre époque, leur jeunesse se confond avec les jours de la Seconde Guerre mondiale. Il se trouve aussi, et surtout qu’une fort estimable modestie empêche les héros que furent d’innombrables grands-pères de parler de leurs faits d’armes et les incite à passer sous silence les heures tragiques qu’ils ont vécues.

Ainsi déversent-ils dans de jeunes oreilles une épopée dédramatisée mais cependant assez captivante pour s’insérer dans une galerie de portraits qui va d’Ivanhoé à Goldorak en passant par Napoléon et de Gaulle. Les chères petites têtes, blondes ou brunes, n'inventent rien et n'affabulent presque pas, simplement elles mélangent un peu tout, confondent parfois le passé et le présent, accordent bien plus d’importance au secondaire qu’à l’essentiel, brassent à l’envi les propos entendus et en font un patchwork à leur idée. Cela débouche sur un humour involontaire qui jamais n’est cruel, d’où toujours émane une tendresse teintée de confuse admiration.

Car contrairement à certains adultes, ces chers petits ne prennent pas leurs grands-pères pour de vieux c…, mais pour des gens de grand mérite dont le seul tort est de n’avoir pas su se débrouiller pour rencontrer de Gaulle, au moins une fois, et d’avoir fait toute la guerre sans jamais voir Hitler ; même de loin.